Les dérogations

Une dérogation à la promesse Zéro Résidu de Pesticides peut être mise en place de façon exceptionnelle à condition que cette présence soit fortuite et/ou techniquement inévitable. Un produit (espèce végétale) qui obtient une dérogation peut donc présenter des résidus dans des teneurs inférieures à la limite maximale de résidus (LMR), conformément à la règlementation. Tous les cas de dérogations sont validés par le Comité de Labellisation après analyse d’un dossier technique argumenté.

> Cas de l’acide phosphonique
L’acide phosphonique est le métabolite de dégradation de la substance active phytosanitaire Fosétyl-Al, mais il a également d’autres origines possibles. La bibliographie montre des origines potentielles provenant du sol, d’une production par la plante ou encore des engrais.
 Nous considérons qu’en dessous de 2 mg/kg d’acide phosphonique quantifié en arboriculture et en viticulture, nous sommes dans le cas d’une présence de cette matière active qui n’est pas due à un résidu de pesticides. Cette valeur a été fixée par rapport à une synthèse de la bibliographie actuelle*. En cas de quantification de Fosétyl-Al seul, l’analyse sera systématiquement considérée comme non-conforme. 
La dérogation est mise en place uniquement si aucun traitement pesticide n’a été réalisé à minima dans les deux dernières années avec du Fosétyl. Les produits phytosanitaires contenant cette substance active figurent obligatoirement en liste noire.

* Bibliographie

• Malusa E., Tosi L. (2005). Phosphorous acid residues in apple foliar fertilization : results on field trials

• Fiche descriptive publiée par le BNN (Bundesverband Naturkost Naturwaren) (2017). Phosphonic acid, potassium phosphonate (potassium salt of phosphonic acid), fosetyl-aluminium May 2017

• Grinbaum M. (2017). Impact des itinéraires viticoles sur la présence de résidus de produits phytosanitaires dans les vins ; partie 1/3 : synthèse des résultats de 4 années d’étude. Revue des oenologues n° 164 – juillet 2017

• Grinbaum M., Cottereau P., Didier V. (2017). Impact des itinéraires oenologiques sur les résidus de produits phytosanitaires dans les vins. Partie 2/3, Revue des oenologues et des techniques vitivinicoles et oenologiques n°165

• Becquet S., Hubert A., Vinsonneau E., Cottereau P., Desseigne JM., Poupault P., Grinbaum M.,(2021). Gestion de la contamination croisée par les pesticides dans les vins bio

> Cas des dithiocarbamates
Les dithiocarbamates sont une famille de composés organiques. Ils regroupent un ensemble de molécules comme le manèbe, le mancozèbe, le métirame, le propinèbe, le thirame et le zirame. Ces substances actives sont de la catégorie des fongicides. Certaines sont homologuées (mancozèbe, métirame, zirame) et d’autres sont retirées d’homologation (Manèbe, Propinèbe, thiram). Les analyses de résidus actuelles pour quantifier les substances actives de la famille des dithiocarbamates sont basées sur le dosage et la quantification de CS2 (disulfure de carbone).
 Cependant, certaines familles de fruits et légumes comme les Alliacées ou les Crucifères (Brassicacées) ont la particularité de produire du CS2 de manière endogène (c’est, par exemple, à cause de cela qu’on pleure quand on coupe un oignon !).
 Le Comité de Labellisation du Collectif Nouveaux Champs a pris position sur les filières Ail, Oignon, Echalote, Poireau et Navet. Position qui consiste à systématiser une méthode d’analyse de caractérisation des trois grandes familles de dithiocarbamates (Ethylène-bis-dithiocarbamates (Mancozeb, Maneb, Zineb…), Propylène-bis-dithiocarbamates (Probineb…), Diméthyl-dithiocarbamates (Ferbam, Thiram, Ziram…)). Si l’une des trois familles est quantifiée, cela prouve l’origine chimique du résidu. Dans ce cas, le lot est déclassé. S’il n’y a aucune quantification parmi les trois familles, alors l’origine naturelle est la plus probable est le lot est considéré comme conforme. Dans les cas de toutes les autres filières du Collectif Nouveaux Champs, la règle de décision reste inchangée : nous suivons la définition réglementaire du résidu à savoir l’analyse des CS2. En cas de quantification de CS2, l’échantillon est considéré comme non conforme.